Tribu de l’Omo

25 mars > 30 septembre 2005

Exposition monographie consacrée à l’artiste allemand Hans Silvester.

La Fondation Jean Paul Blachère présente en première une exposition de photographies en couleurs de Hans Silvester sur l’Ethiopie à l’occasion de l’inauguration de son centre d’art contemporain africain.
Hans Silvester s’est intéressé aux regards et aux attitudes des peuples de l’Omo qui vivent dans une région qui est drainée par un fleuve qui porte le même nom. Cette rivière prend sa source Au Mont Dendi qui culmine à 3299 mètres et se jette au sud-ouest de l’Ethiopie dans le lac Turkana (ex-Rodolphe) aux confins du Kenya et du Soudan. C’est une région de montagnes, de collines et de plateaux qui sont recouverts d’une savane arborée.
L ’équateur se situe de 800 à 500 kilomètres à vol d’oiseau. C’est le région du Rift, immense fracture de l’écorce terrestre et berceau de l’humanité, là où ont été découverts par des chercheurs des squelettes de nos « ancêtres » âgée de six millions d’années.
Une dizaine de tribus semi-nomades se partagent le territoire qui est grand comme la Belgique et qui n’est accessible que par des pistes, six au total.
Les gens vivent d’abord de l’élevage, celui des vaches pour la formation du capital, celui des chèvres et des moutons pour la consommation courante.
La diète alimentaire est complétée par les poissons pêchés dans les rivières et par les récoltes de sorgho et la cueillette de légumes sauvages.
Les gens se nourrissent du sang des bêtes qu’ils obtiennent sans les tuer. Les hommes vivent tout nus, les femmes cachent leur sexe par une peau de chèvre. Ils vivent dans des cases construites en bois et recouvertes de chaume. Ils dorment à même le sol, leur tête reposant sur un appui-tête sculpté en bois.
Hans en présentera d’ailleurs une petite partie de sa collection. Le seul objet «moderne» qu’on voit sur les photos est une kalachnikov, seul élément qui dénote dans le genre de vie et qui est portée d’une manière souvent ostentatoire.
Chaque tribu possède sa propre langue, ses propres coutumes et un art particulier pour se créer un « costume » original et donc identifiant.
Ces populations qui ne disposent pas d’un costume en habits comme nous pour se différencier et marquer le rang social compensent avec des bijoux , divers ornements, peintures et tatouages de multiples couleurs, piercings et scarifications.
(Signalons au passage que le musée Dapper à Paris présente une exposition sur ce sujet fort instructive, notamment pour les jeunes occidentaux qui s’adonnent aux tatouages et piercing réalisant souvent à leur insu une forme d’acculturation que d’aucuns diraient, maladroitement, inversée).
Hans Silvester a voulu capter leur regard, leurs attitudes, «leurs costumes», leurs coutumes, leur genre de vie malgré et avec la kalachnikov.
Pour cela, il lui a fallu s’immerger dans ces tribus, vivre sous la tente, partager leur vie quotidienne, apprivoiser les gestes et les regards pour les prendre sans les surprendre, pour les saisir dans leur réalité en évitant la mise en scène. L’authenticité est à ce prix avec son corollaire qui est la beauté, beauté étincelante des corps, des visages, des regards dans une nature préservée. Pour réaliser cette exposition d’une soixantaine de photos dont des très grands formats, Hans travaille en Ethiopie depuis un an et demi multipliant les séjours de cinq à six semaines.
Un gros investissement pour un beau résultat.