L’expo photo

30 novembre 2010 > 30 avril 2011

 

Pour la troisième fois consécutive, la fondation Blachère a sélectionné six artistes à l’occasion des 8èmes Rencontres africaines de la photographie de Bamako dont le thème était « Frontières ». 4000 kilomètres séparent Bamako de Lyon, le Niger du Rhône, « Frontières » de « Passages », puisque tel était le nom de l’atelier urbain organisé au mois de juin 2010 en partenariat avec le Musée des Confluences.
La Fondation Blachère accueille à partir du 30 novembre les œuvres des six photographes lauréats Nestor Da, Baudouin Mouanda, François-Xavier Gbré, Zanélé Muholi, Mohamed Bourouissa et Uche Okpa-Iroha. Après la Biennale de Photographie de Brighton, le centre d’art à Apt présente jusqu’au 30 avril 2011 une confrontation des photographies sélectionnées à Bamako et celles produites lors de l’atelier de Lyon.

MISS D’VINE, 2007 – Zanele Muholi
“En tant qu’homos noirs, vivant aussi bien sur le continent que parmi la diaspora, nous sommes devenus des êtres indépendants qui inscrivent leur empreinte dans le monde économiquement, culturellement, socialement et politiquement.[…] Pourtant, en raison des histoires et des héritages du colonialisme, du système patriarcal hétéro et de l’impérialisme moderne blanc, très peu d’entre nous le transforment en livres de leur histoire personnelle, car l’histoire offi cielle est toujours dominée par des patriarches homophobes, par des récits eurocentriques d’une Afrique devenue une nation développée.” Z. M.

UNDER BRIDGE LIFE, 2009 – Uche Okpa Iroha
« Under Bridge Life représente la division ou le fossé dans l’ordre spatial et l’appropriation dans la société où les humbles naviguent constamment à travers les processus socio-économiques en laissant des traces derrière eux et en ouvrant de nouvelles voies pour eux-mêmes. » U. O. I.

LE MIROIR, 2006 – Mohamed Bouroussia
«Dans mon travail, la question de la frontière est essentielle, elle est à la fois dans l’image et dans ce qui s’y dégage […] dans le procédé même de réalisation et dans le sujet exposé… Ces regards créent une situation ambiguë entre réalité et fi ction. On ne sait jamais où l’on se retrouve, on est dans un espace non défi ni, un espace-frontière». M.B.

SÉRIE MES TISSAGES URBAINS, 2008 – François-Xavier Gbré
« Ces paysages reconstitués sont le fruit de l’union de territoires différents. De nouvelles situations et histoires naissent de la rencontre d’hommes se trouvant en des places différentes, parfois au sein d’un même quartier. Les scènes de vie de ces mondes imaginaires sont d’une étrange réalité. Cette recherche photographique est une redéfi nition du monde urbain. La série Mes tissages urbains est un patchwork photographique réalisé à partir d’éléments architecturaux dispersés dans Abidjan. J’assemble, superpose et combine les images entre elles. Une nouvelle unité temps-lieu voit le jour. Les plans-séquences sont conçus tel un travelling cinématographique. On repousse les frontières du cadre photographique, on les efface et on en redessine tissant ainsi de nouveaux territoires de l’urbanité abidjanaise, et peut-être africaine puisqu’elles répondent à des codes architecturaux et sociologiques semblables. Ces paysages reconstitués réunissent des Hommes d’horizons différents. De ces rencontres naissent de nouvelles situations et histoires. Les scènes de vie de ces mondes imaginaires sont d’une étrange réalité.». F.X.G.

SENSATION, 2007 – Nestor Da
« Chaque vie laisse une trace matérialisée par des zones frontalières visibles entre les mondes intérieurs et les « en dehors ». Je me sers de mon regard naïf pour observer ces nouveaux territoires, jusque dans leurs détails anodins et silencieux qui s’imposent à moi ». N.D.

SERIE LA SAPE, 2008 – Baudouin Mouanda
(Société des Ambianceurs et des Personnes Elegantes)
« Un dimanche après midi, j’arrive à Bacongo, avenue André Gérard Matsoua, coin réputé des sapeurs. La chaleur est écrasante. Le sol réfl échit la lumière avec violence, et les rues sont désertes. Au bout d’une ruelle, pourtant j’aperçois des sapeurs. Traversant la rue, j’ai l’impression de franchir une frontière, et me retrouve tout à coup dans un bar, au milieu d’une grande pièce, dans laquelle un spectacle inimaginable quelques mètres plus loin bat son plein. Devant moi se joue la plus grande des batailles de la mode : face aux parisiens tout droits débarqués de France, la communauté des sapeurs locaux s’interpose. C’est l’occasion de vibrer aux souvenirs de la France et de l’Histoire mais seules comptent les couleurs, moteurs de tous les sapeurs : Bleu, Blanc, Rouge. Ici on joue seulement une guerre de style. La compétition est dure, rythmée par les cris du public. Sur la chaussée goudronnée, la circulation devient gênante et les sapeurs emboîtent le pas des voitures pour exhiber leur tenue, et entrer dans la danse. Assis sous une paillote, ou au pied d’un manguier, d’autres attendent que le soleil éclate, afin d’éviter que la sueur ne mouille leur costume… La tension monte autour des cravates, des bretelles et vestes ciglées. Tous parfont leur style avec des proverbes bien sentis mais la victoire appartient aux tenues de marque, cousues sur mesure. A quelques pas de l’église Saint-Pierre Claver dans la cour, les fidèles venus acclamer le Seigneur, larmes aux yeux, perdent leur saint halant, et se tournent vers le spectacle profane qui leur fait face. Improbable moment de grâce, la SAPE incarne le mode d’expression d’une génération en rupture qui impose ses codes et transforme la mode en spectacle populaire pour mieux changer le monde le temps d’un instant.». B.M.

Artistes présentés : Nestor Da (Côte d’Ivoire), François Xavier Gbré (France), Baudouin Mouanda (RDC), Zanele Muholi (Afrique du Sud), Uche Okpa-Iroha (Nigéria).